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Dans la longue et riche histoire de l’athlétisme français, Michel Macquet est, et restera certainement l’exception qui confirme la règle, car celui que l’on avait surnommé « Michel bras de fer Â» fut un véritable cadeau du ciel pour notre athlétisme !

En effet, depuis des lustres, le javelot français traînait sa peine loin d’un niveau seulement honnête, et aucun lanceur n’avait atteint le « gotha Â» mondial, dominé souvent ses rivaux planétaires et régné en maître sur l’hexagone près de dix années. Michel Macquet, né le 3 avril 1932 à Amiens, fut celui-là.

 

Par un curieux hasard de circonstances, la vocation de Michel Macquet naquit à Amiens, dans sa ville natale, alors handballeur (deviendra aussi international) dans l’équipe d’Asnières Sport, il était venu en Picardie disputer une rencontre de Hand et des camarades, Pierre Sprecher ancien, lanceur international, l’incitèrent vu son bras de handballeur, à lancer cet engin de 800gr. Il avait mis le pied a l’étrier et ce fut le coup de foudre ! Nous étions en 1949….A quoi tient le destin d’une vie sportive…Et du javelot national !!!

 

En 1950, il s’engage pour trois années dans la Brigade des Sapeurs pompiers de Paris et peut ainsi pratiquer tous les sports, et se forger un corps d’athlète. Conseillé par son compagnon de chambrée, Georges Chevillard, également international d’athlétisme, il signe au R.C.F…Le destin fait encore bonne figure, car au sein de ce club il y rencontre l’entraîneur Jacques Dudal, qui va l’aider à progresser vers les sommets de la spécialité.

 

Dès 1953, malgré une grave blessure au coude l’année précédente, Michel Macquet passe le cap des 60 mètres et devient international pour la première fois Belgique France le 28 juin au stade du Heysel a Bruxelles. 55 autres sélections suivront jusqu’à ce jour de 1964 où, lors de la cérémonie d’ouverture des J.O de TOKYO, Michel Macquet eut l’honneur mérite d’être le porte drapeau de la délégation française. Cette année 1953, le consacre également Champion de France pour la première fois, titre qu’il conquerra dix fois, fermant la boucle en 1965.

 

1954 est l’année d’un premier record de France avec un modeste mais encourageant  64.60m. Malgré cela, il s’abstient de participer aux Championnats d’Europe de Berne, s’estimant encore limite au niveau international. Retrouvant la vie civile, c’est souvent plus de 60 heures de travail par semaine, en usine, debout devant son tour. Cependant son bonheur se construit  avec sa charmante épouse et la naissance de son fils Michel Macquet junior, venu au monde en Décembre 1953, et futur international du lancer du javelot…

 

1955, véritable année de transition qui le fait progresser de plus de 08 mètres, battant successivement 5 fois son record de France pour planter son javelot à 72m93. Il s’affirme également sur le plan international et impressionne déjà celui qui deviendra son ami le Polonais Janusz Sidlo, qui lui prédit plus de 75 mètres rapidement.

 

1956, année Olympique et rêves en or pour tous les athlètes. Michel Macquet commence sa saison comme il avait terminé la précédente : 01 mai a Fourchambault 73.46 puis le 06 mai au Mans, il porte son record a 74.30m. 08 mai 1956 stade de Melun, 800 spectateurs…Ce concours a été maintes et maintes fois raconté. Il restera le plus grand jour sportif  pour Michel Macquet. A 17h00 à son dernier essai le javelot n’en fini pas de planer vers la consécration…. ! 79.01m, cinquième performance mondiale de tous les temps, à 02m74 du record du monde de l’américain Franck Held, les espoirs les plus fous sont permis, surtout que celui ci va confirmer ce jet lors d’un périple en Finlande, le royaume du javelot, et battre sur leur terre ces Finlandais Dieux du stade, chéris par tout un peuple. Ainsi, au stade Olympique d’Helsinki, lors de France Finlande des 30 juin et 01 juillet il domine le recordman du monde depuis le 24 juin, le finlandais Soini Nikkinen.

 

 

Hélas Michel Macquet n’aura pas droit aux lauriers olympiques, terminant Septième à Melbourne, puis la même déception à Rome en 1960 qu’à Tokyo en 1964 ! Les championnats d’Europe lui laisseront également un goût amer tant à Stockholm en 1958, malgré une belle 4ieme place, qu’à Belgrade en 1962. Oui, en toute objectivité, Michel Macquet méritait beaucoup plus, reconnaissaient sans hésitation les grands spécialistes mondiaux de la discipline.

 

Celui qui fit progresser le record de France chaque année, de 1954 à 1961, plantant son javelot à 83.36m  le 11 mai 1961 à Mantes la Jolie lors du mémorial Aleg Syrovatski, pour un dernier record qui ne sera battu que 18 ans plus tard, fut un très grand champion, exemplaire, au cÅ“ur noble, aimant la justice estimé et reconnu par ses pairs.

D’ailleurs, c’est aussi en 1961 que Michel Macquet au sommet de son art, ayant dominé tous

Les meilleurs lanceurs de la planète au cours de la saison, fut désigné par le magazine de références Track and Field News, athlète Numéro 1 de l’année dans sa spécialité ..De 1947 à 2002, il est a remarquer que huit grands champions français ont eu droit a cette reconnaissance mondiale : A. Mimoun, M.Jazy, M.Macquet, G.Drut, J.C.Nallet, J.Pani, C.Plaziat, S.Diagana.

 

Puis celui qui fut le capitaine de l’équipe de France pendant 7 ans l’athlète aux 30 victoires, l’un des hommes clefs de l’époque de Robert Bobin et des amitiés Fortes, prit un recul professionnel. En 1965, il tirait sa révérence avec éclat et un jet à 81.94 au bilan annuel pourtant ce n’était qu’un au revoir, car le cœur et l’esprit encore juvénile, il reprit le chemin du stade en 1969, à 37 ans, faisant la pige aux meilleurs français du moment avec un jet de 77m00, mais surtout heureux et fier de conseiller son fils Michel, qui approcha les 80m et portera également le maillot de l’équipe de France …

 

Il avait également réussi sa vie professionnelle et coulait une douce retraite, après avoir été directeur des sports de la ville de Marignane, quand ce fut la stupeur et le chagrin à l’annonce de son décès en octobre 2002. Nous pensâmes à Arlette et Michel, son fils, dans leur détresse et les initiés, les fidèles du temps passé, enfouirent ce grand chagrin au nombre de leurs « mélancolies personnelles Â».

 

 

Il me revient un souvenir… Le 21 octobre 1961, aux sources de l’olympisme, dans le stade d’Athènes où furent célébrés les premiers jeux olympiques modernes, Michel Macquet propulsa son javelot sur le mur d’enceinte situé à plus de 80 m et entouré de sculptures de marbre célébrants les dieux de l’Olympe, comme pour anéantir la malédiction de ces dieux stupides et injustes qui lui refusèrent la consécration suprême. De ce concours, nous ne garderons que l’imaginaire qui construit le réel et nous voulons croire que ce jour là, Michel Macquet lança son javelot au-delà de l’infini !

Michel Macquet nous a quitté, et ce javelot d’octobre 1961 qui planait encore dans le ciel d’Athènes s’est brisé…

 

Luc BEUCHER (2003).

 

Pour consulter sa fiche sur le site de la Federation Française d'Athlétime

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